Lorsque l’on tombe malade, une des premières inquiétudes concerne la perte de revenus. En effet, un arrêt maladie peut engendrer une baisse de rémunération importante, surtout lorsqu’il se prolonge. Pourtant, il existe des solutions légales et accessibles pour continuer à percevoir 100 % de son salaire en arrêt maladie. Quelles sont ces options ? Quelles démarches entreprendre ? Voici un guide complet pour mieux comprendre vos droits et optimiser votre protection.
Comprendre la base du système d’indemnisation
En France, un salarié en arrêt maladie peut percevoir des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale. Ces indemnités ne couvrent pas l’intégralité du salaire de base.
Le fonctionnement des indemnités journalières de la Sécurité sociale (IJSS)
- Vous touchez 50 % de votre salaire brut journalier (soit environ 90 % du net) après un délai de carence de 3 jours.
- Le plafond des indemnités est limité à 1,8 fois le SMIC journalier (environ 50 € brut par jour en 2025).
- Les IJSS sont versées pendant 360 jours sur 3 ans, ou 3 ans en cas d’affection de longue durée (ALD).
Exemple : si vous gagnez 2 000 € net, vous percevrez environ 1 200 € d’indemnités brutes sans complément.
Le maintien de salaire par l’employeur : une obligation sous conditions
La loi française (article L1226-1 du Code du travail) impose à l’employeur de maintenir partiellement le salaire en arrêt maladie sous certaines conditions :
Conditions à remplir :
- Avoir 1 an d’ancienneté dans l’entreprise.
- Avoir transmis le certificat médical dans les 48 heures.
- Être soigné en France ou dans l’UE.
- Bénéficier des IJSS versées par l’Assurance maladie.
Modalités de maintien :
- 90 % du salaire brut pendant les 30 premiers jours, puis 2/3 du salaire les 30 jours suivants.
- Ces durées sont augmentées de 10 jours tous les 5 ans d’ancienneté (dans la limite de 90 jours maximum).
Le maintien de salaire par l’employeur s’ajoute aux IJSS : vous recevez la différence entre votre salaire et les indemnités versées par la Sécurité sociale.
Les garanties de la mutuelle ou prévoyance collective
Pour toucher 100 % de votre salaire, il faut généralement un complément versé par une mutuelle ou un contrat de prévoyance collective. Cela dépend :
De votre convention collective :
Certaines conventions (comme la métallurgie, la banque, l’assurance ou la fonction publique) prévoient le maintien intégral du salaire pendant plusieurs mois.
De votre mutuelle ou assurance prévoyance :
- Une assurance de prévoyance collective (obligatoire dans de nombreuses entreprises) permet de compléter les IJSS et le maintien de salaire jusqu’à 100 % du net.
- Elle prend le relais après un certain délai (souvent 30 jours).
Conseil : vérifiez les conditions dans votre contrat de prévoyance (délai de carence, durée, taux de couverture).
Le cas particulier des arrêts longs ou en ALD
Les arrêts de longue durée, notamment en cas de maladie chronique ou grave (ALD), donnent droit à :
- Des IJSS pendant 3 ans maximum (et non 1 an).
- Un complément de l’employeur prolongé selon la convention collective.
- Un passage éventuel en invalidité, avec une pension si l’arrêt se prolonge au-delà des droits classiques.
Il est essentiel dans ce cas de solliciter la prévoyance entreprise ou d’anticiper avec une assurance privée individuellesi vous êtes cadre, profession libérale ou travailleur non salarié.
Quelles démarches pour toucher 100 % de son salaire en arrêt maladie ?
Voici les étapes à suivre :
- Transmettre votre arrêt maladie à la CPAM et à votre employeur sous 48 heures.
- Vérifier votre ancienneté et votre convention collective.
- Demander à votre service RH ou à votre mutuelle les conditions du maintien de salaire et de la prévoyance.
- Fournir les documents nécessaires (décompte IJSS, bulletin de salaire, certificat médical prolongé).
- En cas de difficulté, contacter un représentant du personnel, l’inspection du travail ou un avocat spécialisé en droit social.
Peut-on compléter soi-même avec une assurance privée ?
Oui, si votre employeur n’offre pas de contrat de prévoyance suffisant, vous pouvez souscrire à titre personnel :
- Une assurance prévoyance individuelle pour indemniser les arrêts de travail à 100 %.
- Un contrat « perte de revenus » avec un assureur ou une banque.
Cela permet de sécuriser son revenu en cas d’arrêt long ou récurrent, notamment si vous êtes indépendant, profession libérale ou cadre dirigeant.
Peut-on refuser de perdre du salaire en arrêt maladie ?
Non, le droit du travail ne garantit pas automatiquement l’intégralité du salaire. Sans complément par l’employeur ou par une prévoyance, vous perdrez une partie de vos revenus. Il est donc essentiel d’anticiper.
Résumé des moyens pour toucher 100 % de son salaire
Voici les leviers principaux :
- Avoir 1 an d’ancienneté minimum.
- Transmettre son arrêt dans les délais.
- Vérifier le maintien de salaire prévu par votre convention collective.
- Bénéficier d’un contrat de prévoyance complémentaire (mutuelle ou assurance).
- Envisager une assurance privée individuelle si nécessaire.
En conclusion
Il est tout à fait possible de percevoir 100 % de son salaire en arrêt maladie, mais cela dépend de plusieurs paramètres : ancienneté, convention collective, prévoyance, démarches administratives… Pour sécuriser vos revenus, informez-vous dès votre embauche sur vos garanties et anticipez les éventuels manques par des solutions complémentaires.
Voici un tableau pour récapituler :
Situation du salarié | Revenu perçu (approx.) | Détail |
---|---|---|
Sans maintien de salaire ni prévoyance | ~50 % du brut | IJSS uniquement |
Avec maintien légal par l’employeur (30 j.) | ~90 % du brut | IJSS + complément employeur (90 % du brut) |
Avec maintien prolongé (60 j.) | ~66 % du brut | IJSS + complément employeur (2/3 du brut) |
Avec mutuelle/prévoyance complémentaire | Jusqu’à 100 % du net | IJSS + employeur + prévoyance |
Avec assurance privée individuelle (non salarié) | Jusqu’à 100 % du net | IJSS (ou rien) + assurance privée |