En France, la question de la durée maximale de travail par semaine revient souvent sur le devant de la scène, que ce soit dans les entreprises, les médias ou les discussions syndicales. Entre les règles du Code du travail, les dérogations possibles et les usages spécifiques à certains secteurs, il peut être difficile de s’y retrouver. Cet article vous guide de manière claire et humaine à travers tout ce que vous devez savoir sur la durée hebdomadaire maximale de travail autorisée.
Les fondements légaux de la durée de travail
La règle générale : 35 heures par semaine
Depuis la loi Aubry entrée en vigueur au début des années 2000, la durée légale de travail en France est fixée à 35 heures par semaine pour un salarié à temps plein. Cela ne signifie pas que l’on ne peut pas travailler davantage, mais que toute heure effectuée au-delà est considérée comme heure supplémentaire, et doit être rémunérée en tant que telle (ou récupérée).
Distinction entre durée légale et durée maximale
Il est important de différencier la durée légale (35h) de la durée maximale autorisée. La loi encadre strictement le volume d’heures qu’un salarié peut accomplir chaque semaine, même avec des heures supplémentaires, pour des raisons de santé, de sécurité et d’équilibre vie professionnelle / vie personnelle.
Quelle est la durée maximum hebdomadaire autorisée ?
La limite absolue : 48 heures par semaine
Selon l’article L.3121-20 du Code du travail, un salarié ne peut pas travailler plus de 48 heures par semaine, toutes heures confondues, sauf exception très encadrée. Cette limite constitue une protection pour le salarié, afin d’éviter toute situation de surmenage ou de travail excessif.
La moyenne sur 12 semaines : 44 heures
La loi ajoute une contrainte complémentaire : la durée moyenne de travail sur 12 semaines consécutives ne doit pas dépasser 44 heures. Cela permet d’éviter que des semaines particulièrement longues deviennent une habitude.
Les dérogations possibles
Certaines situations ou secteurs (transport, agriculture, hôtellerie-restauration, etc.) peuvent justifier des dérogations :
- En cas d’accord collectif ou de décision administrative, la durée maximale peut exceptionnellement être portée à 60 heures dans une semaine, mais cela reste très rare et strictement encadré.
- Les jeunes de moins de 18 ans sont quant à eux soumis à une limite plus stricte : 35 heures par semaine, et ils ne peuvent pas faire d’heures supplémentaires sans autorisation spécifique.
Temps de travail effectif vs. temps de présence
Il faut aussi distinguer le temps de travail effectif (périodes pendant lesquelles le salarié est à la disposition de l’employeur) du temps de présence dans l’entreprise, qui peut inclure des temps de pause, de trajet ou de formation.
Cela est particulièrement important pour les salariés d’astreinte ou en télétravail, où la frontière entre vie professionnelle et vie privée peut être floue. Ce sont les heures réellement travaillées qui comptent pour le calcul de la durée hebdomadaire.
Que risque un employeur en cas de dépassement ?
Un employeur qui dépasse les durées maximales autorisées s’expose à des sanctions importantes, telles que :
- Une amende pouvant aller jusqu’à 1 500 € par salarié concerné (multipliée en cas de récidive)
- Des dommages et intérêts en cas de litige prud’homal
- Des conséquences sur la santé ou la sécurité du salarié pouvant engager la responsabilité civile ou pénale de l’employeur
De plus, un salarié peut refuser de travailler au-delà des limites légales, sans que cela constitue une faute professionnelle.
Comment bien gérer la durée de travail au quotidien ?
Pour éviter tout dépassement involontaire, il est conseillé aux entreprises de mettre en place un suivi précis du temps de travail, notamment à l’aide d’outils de pointage ou de logiciels RH. Côté salarié, connaître ses droits permet de rester vigilant et de préserver sa santé mentale et physique.
Voici quelques bonnes pratiques à suivre :
- S’informer régulièrement sur les règles applicables à son secteur
- Vérifier les heures réellement effectuées chaque semaine
- Signaler à son employeur toute surcharge de travail répétée
- Ne pas hésiter à consulter un représentant du personnel ou l’inspection du travail en cas de doute
Cas particuliers : cadres, forfaits jours et travailleurs indépendants
Les cadres au forfait
Certains salariés, notamment les cadres autonomes, peuvent être soumis à un forfait jours et non plus à une durée horaire hebdomadaire. Dans ce cas, ce n’est plus le nombre d’heures qui compte mais le nombre de jours travaillés dans l’année, souvent autour de 218 jours.
Ce régime dérogatoire est également encadré par des règles strictes pour éviter les abus, avec des obligations de repos quotidien et hebdomadaire, et un suivi de la charge de travail.
Les indépendants
Pour les travailleurs non salariés, il n’existe pas de durée maximale de travail fixée par le Code du travail. Cependant, la question de l’équilibre entre vie pro et vie perso reste cruciale, avec un risque accru de burn-out dans certains cas.
Synthèse : ce qu’il faut retenir
Pour bien comprendre la durée maximale de travail par semaine, voici une synthèse claire sous forme de tableau :
| Règle légale | Limite fixée par la loi |
|---|---|
| Durée légale hebdomadaire | 35 heures |
| Durée maximale hebdomadaire | 48 heures (60h en cas de dérogation exceptionnelle) |
| Moyenne sur 12 semaines | 44 heures |
| Mineurs | 35 heures (interdiction de dépasser sans autorisation) |
| Sanction en cas de dépassement | Amende + dommages potentiels + responsabilité pénale |
Une responsabilité partagée
En définitive, la durée maximale hebdomadaire de travail est un garde-fou essentiel pour préserver la santé des travailleurs. Elle concerne autant les employeurs que les salariés : les premiers doivent s’assurer du respect des règles, les seconds peuvent et doivent faire valoir leurs droits.
Travailler plus n’est pas toujours synonyme d’efficacité : il est parfois plus utile de retrouver un équilibre, pour durer dans le temps et préserver sa motivation.




